La ferme beauceronne
Le Messager de Paris, 10 mars 1879
Une ferme modèle à Villevêque (Villamblain)
Ministère de l'agriculture et du commerce, Les Primes d'honneur, les médailles de spécialités et les prix d'honneur des fermes-écoles décernés dans les concours régionaux en 1868, Paris, Imprimerie Impériale, 1870..
« DOMAINE DE VILLEVÈQUE.
(Extrait du Rapport (le M. le marquis DE VIMIAYË.)
SITUATION. — Le domaine que M. Thibault exploite à Vilîevèque, commune de Villamblain (Loiret), est une des grandes fermes de la Beauce orléanaise ou de la petite Beauce.
Cette exploitation est située sur les confins des départements d'Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher, à 12 kilomètres de Patay, chef-lieu de canton, à 33 kilomètres d'Orléans et à 18 kilomètres de Châteaudun. Une roule d'un kilomètre la relie à la route d'Orléans à Châteaudun.
HISTORIQUE. — Ce domaine est affermé à M. Thibault par périodes de neuf années, depuis 1851. Il a été cultivé par son grand-père de 1818 à 1828 et par son père de 1828 à 1851.
Il se compose de 325 hectares, dont 225 hectares appartiennent à M. Gombault-Miron et 100 hectares à M. Thibault. Ces terres sont très-morcelées (voir le plan de la propriété).
Les 225 hectares comprennent les bâtiments d'exploitation. Ces terres sont louées au prix moyen de 65 francs l'hectare, non compris les impôts qui sont à la charge du fermier.
CONFIGURATION ET NATURE DU SOL. — Le sol est très-peu accidenté et les arbres y sont rares ; il appartient à la plaine de la Beauce. Les terres sont calcaires argileuses ou argilo-calcaires; leur profondeur varie de 0m,20 à 1 mètre. Le sous-sol est formé par les puissantes assises du calcaire lacustre ou de tuf qui en dérivent ; il est, comme le sol, perméable aux pluies.
Un sixième environ de l'étendue totale de l'exploitation est de bonne qualité ; il comprend les terres de première et de deuxième classe. Un tiers environ est composé de terres appartenant à la troisième classe ; ces terres ont 0m,30 de profondeur ; elles reposent sur une terre blanche qu'on utilise dans les constructions. Les terres de quatrième classe occupent aussi un tiers de la surface totale du domaine ; ces terres sont plus légères que les précédentes et elles sont bien moins productives. Enfin, un sixième de la propriété appartient à la cinquième classe ; il comprend des terres qui ont très-peu d'épaisseur et au milieu desquelles il existe des carrières de calcaire compacte sur une étendue de 10 hectares environ.
En général, les terres de Villevêque sont sèches pendant l'été, mais une pluie un peu prolongée suffit pour les détremper, les rendre boueuses et collantes. Les engrais y disparaissent assez promptement.
Les chemins d'exploitation sont en bon état.
BÂTIMENTS D'EXPLOITATION. — Les bâtiments sont disposés autour d'une cour spacieuse et bien nivelée; ils constituent une des meilleures installations de la Beauce orléanaise.
La maison d'habitation limite la cour au sud ; elle est d'un côté en communication avec la cuisine qui est belle et bien éclairée et qui est attenante à l'écurie ; de l'autre côté, elle touche au bâtiment dans lequel on emmagasine le bois et au-dessus duquel est situé un réservoir ayant une capacité de 3 mètres cubes. Ce bassin est alimenté par une pompe située au-dessus d'un puits de 20 mètres de profondeur et qui est mue par un manège.
Les bâtiments situés à droite de la cour renferment la sellerie, une remise, la baratte, le coupe-racines, le concasseur, etc., appareils qui sont mis en mouvement par un manège à un cheval, un magasin à fourrages, la vacherie, une bergerie et la grange dans
laquelle a été installée la machine à battre. Les bâtiments qui font face à la vacherie sont occupés par une grange, deux grandes bergeries, le fournil, un bûcher, une buanderie près de laquelle est située la laiterie-cave, puis la porcherie. Enfin, en entrant dans la cour, on laisse à droite une quatrième bergerie et une autre grange.
Il existe derrière la grange et la vacherie une vaste cour close par un mur, dans laquelle est situé le hangar pour les voitures et les instruments aratoires. C'est dans cette cour qu'on dispose les meules de grains et les meules de paille. Un beau silo en maçonnerie, pouvant contenir 200,000 kilogrammes de racines, est adossé au bâtiment dans lequel on prépare les fermentations.
Le jardin est aussi clos par un mur ; il comprend un bois de 4 hectares et un champ de 2 hectares dans lequel on cultive le blé qui doit fournir les semences. La culture des légumes y est bien comprise.
Tous les bâtiments sont aérés et tenus proprement. Ils sont pour la plupart couverts en ardoises. Le réservoir situé au-dessus du bûcher a permis de faire arriver de l'eau dans l'écurie, la vacherie, les bergeries, la laiterie et la cuisine.
Un bel abreuvoir, alimenté directement par la pompe, existe au milieu de la cour.
Enfin, plusieurs bâtiments situés en dehors de la ferme sont utilisés comme fenils.
CAPITAL ENGAGÉ. — Le capital engagé sur l'exploitation de Villevêque n'est pas très-considérable, parce que chaque, année les prairies artificielles vivaces y occupent une importante surface.
En 1851, époque à laquelle il succéda à son père, M. Thibault possédait un capital de 120,000 francs pour 300 hectares de terres labourables, soif 400 francs par hectare. Ce capital s'est successivement augmenté.
En 1855, il s'élevait à………………………………………………… 479 f
En 1866…………………………………………………………………… 515
En 1867…………………………………………………………………… 517
Au 1er novembre 1867, le capital engagé se divisait comme il suit :
Bétail………………………………………………………………………… 32,205 fr ou par hect. 194
Mobilier……………………………………………………………………… 16,050 53
Denrées en magasin;………………………………………………… 66,980 223
Avances aux cultures (semences)………………………………… 12,650 42
Capitaux en caisse;……………………………………………………… 1,195 4
Le capital fixe (bétail et mobilier) représente donc un peu moins de la moitié du capital nécessaire à l'exploitation.
PERSONNEL ET MAIN-D'OEUVRE. -— Tous les domestiques sont logés et nourris sur le domaine. Ces agents sont au nombre de 21, savoir : 7 charretiers, 1 vacher, 2 bergers, 1 aide-berger, 1 homme de cour et son aide, 5 ouvriers à gages, 1 jardinier et 2 servantes.
Les gages des charretiers s'élèvent à 480 francs, ceux du vacher, à 550 francs, du chef berger à 550 francs, du second berger à 250 francs et de l'aide-berger à 150 francs, du garçon de cour à 500 francs, de son aide à 100 francs, des ouvriers à gages à 500 francs, du jardinier à 500 francs et des servantes à 300 francs.
La main-d'œuvre est très-rare dans la Beauce orléanaise, parce que presque tous les ouvriers, étant propriétaires de 5 ou 6 hectares, s'occupent une partie de l'année sur leurs terres. Aussi M. Thibault est-il forcé de faire exécuter la moisson par des ouvriers tacherons qui viennent du Perche.
Quoi qu'il en soit, les journaliers reçoivent en été 2 francs, et pendant les autres saisons 1 franc par jour. Ils sont nourris par l'exploitation. La moisson de blé est payée aux tâcherons 18 francs et celle de l'avoine 14 francs par hectare ; on leur donne 6 francs pour le fauchage seulement d'un hectare de sainfoin. Ces ouvriers sont aussi nourris. Enfin quelquefois les tâcherons s'engagent à faire les gerbées, les liens, à lier les gerbes et à les tasser soit dans les granges, soit en meules, moyennant 1 franc, en sus de leur nourriture, par chaque voiture attelée de quatre chevaux et contenant 250 gerbes. La couverture des meules est faite à la journée.
MATÉRIEL AGRICOLE. — Le matériel de la ferme est très-simple, mais suffisamment énergique pour la nature des terres. Il se compose de charrues, rouleaux et herses du pays, râteau à cheval, semoir Jacquet-Robillard, machine à battre, tarare, coupe-racines, concasseur, aplatisseur, trieur Vachon, etc.
Les véhicules comprennent des guimbardes, des charrettes, des tombereaux et un tonneau à purin.
FERTILISATION. — Les fumiers de l'écurie et de l'étable sont conservés dans une fosse en maçonnerie située dans la cour principale. Un réservoir permet d'y recueillir le purin. On les arrose quand cela est nécessaire. Le fumier des bergeries est conduit directement sur les terres labourables. Il séjourne dans ces bâtiments pendant deux à trois mois.
Ces engrais sont employés à des doses qui varient suivant leur état et leur qualité. Le fumier mixte de la fosse est appliqué à raison de dix voitures, soit 35 à 40,000 kilogrammes par hectare. Le fumier de bergerie, qui est plus actif et moins pesant, est employé à raison de 25 à 30,000 kilogrammes. M. Thibault fait parquer chaque année, pendant la belle saison, de 10 à 15 hectares.
Le plâtre, dont les effets sont souvent nuls, est appliqué sur les prairies artificielles à raison de 200 à 300 kilogr. par hectare.
Enfin, M. Thibault, ayant trouvé sur le domaine des terres d'excellente qualité, les a fait répandre sur les champs les moins fertiles à la dose de 150 mètres cubes par hectare. Ces terres étaient situées sur les points où il a existé autrefois des constructions et des cultures à bras. La quantité utilisée s'est élevée à 6,000 mètres cubes. Ce terreaulage accroît sensiblement l'activité des terres sur lesquelles on l'exécute, et cela, très-certainement, parce que les terres anciennement, remuées renferment une notable proportion de nitrates.
M. Thibault ne fait pas usage d'engrais artificiels.
ASSOLEMENT. — L'assolement suivi à Villevêque est l'assolement triennal modifié par l'introduction de la luzerne. Cette succession de culture comprend les dix-huit soles suivantes :
i™ année…………… Jachère morte, ou pommes de terre, ou trèfle incarnat, ou vesce d'hiver.
2e année…………… Blé et betteraves.
3e année…………… Avoine de printemps.
4e année…………… Trèfle incarnat, lupuline et vesce d'hiver.
5e année…………… Blé ou escourgeon.
6e année…………… Orge de printemps.
7e année…………… Luzerne et sainfoin.
8e 9e 10e année… Luzerne.
11e année………… Avoine ou blé
12e année………… Avoine.
13e année………… Jachère pour nettoyer te sol,
14e année………… Blé, seigle ou escourgeon.
15e année………… Avoine ou orge.
16e année………… Trèfle incarnat, lupuline et vesce d'hiver.
17e année………… Blé, seigle ou escourgeon.
18e année………… Avoine ou orge.
La luzerne ne revient sur le même champ que tous les dix-huit ans. Le trèfle rouge ou trèfle ordinaire n'est pas cultivé à Villevêque, parce que souvent ses feuilles, en se desséchant par l'effet d'un soleil ardent, constituent un fourrage trop échauffant pour les bêtes à laine qui, dans la contrée, à cause de la nature calcaire et sèche du sol, sont très-exposées au sang de rate.
L'assolement précité n'est pas rigoureusement appliqué sur les terres de cinquième classe. Ces terrains, à cause de leur faible profondeur et de leur aridité, sont utilisés par la culture du seigle et de l'escourgeon et celle du sainfoin pâturé sur place par les troupeaux. Ces mauvaises terres sont à peu près les seules où la jachère proprement dite est conservée.
Chaque sole ayant une étendue de 17 hectares, l'exploitation doit présenter chaque année les cultures suivantes :
M. Thibault n'a pas une culture invariable. L'état des terres au moment des semailles, le prix des denrées, les exigences des animaux, etc., l'obligent à modifier parfois l'étendue des ensemencements. Ainsi les diverses cultures ont occupé les étendues ci-après pendant les années 1864, 1865 et 1866.
En 1864, les gelées ont fait beaucoup de mal au blé. Alors, il a fallu en retourner plusieurs champs et les ensemencer en avoine.
Voilà pourquoi la surface occupée par cette céréale a atteint 97 hectares. En 1865, la récolte d'avoine ayant été très-mauvaise par suite d'une sécheresse exceptionnelle, M. Thibault, ayant vu sa réserve s'épuiser, s'est trouvé dans la nécessité, pour assurer la nourriture de son troupeau, d'augmenter en 1866 les ensemencements d'avoine, en défrichant les plus mauvaises luzernières.
Quoi qu'il en soit, le blé d'automne est toujours précédé à Villevêque par une jachère ou une culture fourragère. Ce froment est le blé bleu ou blé de Noé ; il est propre et vigoureux. Il donne en moyenne de 20 à 22 hectolitres par hectare.
L'escourgeon remplace le froment dans la sole des céréales d'automne, lorsque la qualité du terrain ne permet pas d'espérer un rendement en blé satisfaisant.
L'avoine est la variété noire hâtive que l'on désigne sous le nom d'avoine de chenailles ; elle est productive, mais, comme elle est sujette à s'égrener, on la récolte un peu sur le vert. L'avoine qui succède à la luzerne est d'une propreté tout exceptionnelle pour la
Beauce.
Les fourrages occupent annuellement une étendue plus grande sur les bonnes terres que sur les sols de qualité médiocre. Le trèfle
incarnat y réussit très-bien. On fauche d'abord le trèfle incarnat ordinaire, puis le trèfle incarnat tardif, et enfin le trèfle incarnat à fleur blanche. Cette dernière variété est remarquable par sa vigueur.
La luzerne est toujours associée au sainfoin, parce qu'elle donne peu la première année, et que le sainfoin, qui est productif quand
il a dix-huit mois, disparaît en grande partie pendant la seconde année. Chaque année M. Thibault sème une sole de luzerne. Cette sole remplace la luzernière qu'il doit défricher pendant l'automne suivant, et qui est arrivée à sa quatrième année, époque où elle est peu productive, où elle est envahie par le brome doux (Bromus mollis), graminée très-nuisible, parce qu'elle est précoce et qu'elle mûrit ses semences au commencement de juin.
La luzerne, cultivée dans les bonnes terres, donne à la première coupe 4,800 kilogrammes de foin, et à la seconde 2,000 kilo-grammes seulement, parce que le sol manque de fraîcheur pendant tout l'été.
La jachère existe encore à Villevêque, mais son étendue varie suivant les terrains et les circonstances. Elle est nécessaire sur les terres de cinquième classe et après des luzernières très-engazonnées. Dans les bonnes terres, on l'utilise en y semant du trèfle incarnat, de la lupuline ou minette, ou en y plantant des pommes de terre.
Les soles sur lesquelles on applique le fumier sont celles qui sont occupées par la jachère, les pommes de terre, les betteraves et les carottes, ou sur lesquelles on a récolté du trèfle incarnat, de la lupuline ou des vesces. L'étendue moyenne fertilisée annuel-lement est de 80 hectares, soit le tiers de la surface totale des terres labourables. Les fumiers produits par les chevaux et les bêtes
bovines permettent de fumer chaque année 20 hectares, à raison de 30,000 kilogrammes par hectare; les 60 autres hectares sont fertilisés par les bêtes à laine.
Le morcellement, il faut le reconnaître, est une entrave à l'indépendance de l'exploitation de Villevêque ; mais cet enchevêtrement avec la petite culture permet une comparaison qui rend appréciable à tous les yeux, en faveur de la grande culture, la supériorité des résultats obtenus par M. Thibault.
PROCÉDÉS CULTURAUX. — Les terres de Villevêque, étant très-perméables, sont labourées à plat ou en grandes planches.
Le froment est semé du 15 octobre au 1er novembre. Lorsqu'on le sème à la volée, on répand 3 hectolitres de semence. Quand on le sème en lignes avec le semoir Jacquet-Robillard, on en emploie 220 litres par hectare. Ces quantités de semences non chaulées sont considérables, mais l'expérience et les faits les justifient.
Un fait intéressant à signaler, et qui prouve une fois de plus combien la pratique présente parfois de difficultés, c'est qu'il est nécessaire d'exécuter le dernier labour la veille des semailles pour ainsi dire, et lorsque la terre a une certaine mollesse. Quand les labours sont exécutés longtemps avant l'époque des ensemencements, la terre se met en poussière, et s'il ne survient pas de pluie au moment de la semaille, celle-ci est souvent compromise dans ses résultats.
L'escourgeon et le seigle sont semés en septembre.
L'avoine est semée, autant que possible, en février, sur un seul labour exécuté en janvier. La récolte de cette céréale est toujours assurée si on peut enterrer sa semence quand la terre a de la mollesse. Les terres labourées avant les gelées se mettent trop bien, c'est-à-dire sont trop divisées à la fin de l'hiver pour que l'avoine y puisse bien réussir. S'il ne survient pas de la pluie après celle-ci, on roule énergiquement. On répand 350 litres de semence par hectare.
Le trèfle incarnat est semé du 15 août au 15 septembre. On répand sa graine en bourre et non mondée, et on l'enterre par un hersage suivi par un roulage.
Chaque année, au printemps, M. Thibault l'ait rouler les blés d'automne, mais il ne les herse pas, à cause de la légèreté du sol. Il ne les fait pas échardonner, parce qu'il n'a pas de main-d'œuvre à cette époque de l'année.
Les luzernières sont souvent hersées à la fin de l'hiver. On les fauche à la fin de mai ou au commencement de juin. Les ouvriers sont munis d'une faux armée d'un crochet. La luzerne et le sainfoin qui sont ainsi coupés restent en andains pendant un jour environ, puis on les met en meulons contenant de 50 à 70 bottes de 6 kilogrammes chacune. Ces meulons séjournent sur le champ pendant quinze jours ou trois semaines. Ensuite, on met en botte à un lien, en se servant de paille de seigle, et on rentre dans les granges. Quand les andains sont très-forts, on les retourne une fois avant de mettre la production de la prairie artificielle en meulons. Par ce procédé, on n'exécute pas de fanage, et les tiges de la luzerne ou du sainfoin perdent peu de feuilles.
Les céréales sont conservées en granges et en meules construites par les journaliers (fig. 9 et 10). Une meule, ayant 7 mètres de
diamètre à sa base, 4 mètres de hauteur sous la couronne. 10 mètres de diamètre à cette élévation et 6 mètres de hauteur de cou-
verture, contient environ 5,000 gerbes du poids moyen de 10 à 11 kilogrammes.
ANIMAUX DE TRAVAIL. — L'exploitation de Villevêque possède de 18 à 20 chevaux, vigoureux et bien choisis. De temps à autre, M. Thibault achète dans le Perche des poulains de six mois pour les élever, afin de pouvoir remplacer économiquement les chevaux usés ou hors de service.
Chaque cheval reçoit par jour, en été, 16 litres d'avoine, 2 litres d'orge concassée et 2,500 kg de foin ; en hiver, il reçoit 16 litres d'avoine, 10 kilogrammes de carottes ou 2,500 kg de foin. Au printemps on lui donne du trèfle incarnat à discrétion.
ANIMAUX DE RENTE. — 1° BÊTES BOVINES. La vacherie comprend 14 belles vaches normandes. 8 à 10 jeunes bêtes bovines et un taureau normand. Tous ces animaux vivent en stabulation permanente. Les génisses qu'on élève sont destinées à remplacer les vaches âgées ou mauvaises laitières. Les veaux mâles et les veaux femelles mal conformés sont engraissés et livrés à la boucherie.
Les vaches en frais lait donnent de 18 à 20 litres de lait par jour. Le lait n'est pas vendu. On le met à crémer dans la laiterie et on baratte chaque semaine la crème qu'il fournit. La baratte peut contenir de 80 à 120 litres de crème qu'on a colorée préalablement avec du jus qu'on extrait des carottes rouges ; elle est mise en mouvement par un manège à un cheval. Le beurre qu'on en retire au bout de 30 à 45 minutes, suivant la température de la crème, est délaité, pressé et mis en mottes de 500 grammes. Avant de le livrer au marchand qui l'achète toutes les semaines, on le laisse dans l'eau pendant une demi-journée environ, afin qu'il soit aussi ferme que possible. 100 litres de crème fournissent de 20 à 22 kilogrammes de beurre qui est vendu, pris à la ferme, au prix moyen de 2 francs 65 cent, le kilogramme. On en fabrique chaque semaine 20 kilogrammes.
Le lait écrémé sert à faire des fromages maigres que le personnel de la forme consomme, ou qu'on livre à la vente à l'état frais ou après avoir été desséchés. Le lait de beurre est donné aux porcs.
Voici quelles ont été les recettes laites par la vente du beurre, du fromage et des veaux. :
Chaque vache reçoit pendant l'hiver 30 kilogrammes de betteraves alliées à de la menue paille et 1 kilogramme de son. Pendant le printemps et l'été, toutes les vaches reçoivent du fourrage vert à discrétion. Enfin, en septembre et octobre, elles vont pâturer les regains de luzerne.
2* BÊTES OVINES. — Les bêtes à laine ont une grande importance à Villevêque, à cause des bénéfices qu'elles y donnent.
Ces animaux appartiennent à la race mérinos. Toutefois, la baisse du prix des laines fines et la facilité avec laquelle M. Thibault vend ses jeunes animaux, après les avoir toujours maintenus en très-bon état, l'ont engagé à aborder les questions de haute physiologie pour modifier la nature de la laine et la forme des animaux, c'est-à-dire à avoir des brebis mieux conformées et ayant moins de fanon ou de plis (fig. 11 et 12). C'est par une sélection sévère et bien entendue, et à l'aide d'une nourriture très-abondante et surtout fraîche et nutritive, qu'il est parvenu à posséder un troupeau qui s'éloigne déjà du vrai type mérinos. La laine, il est vrai, a perdu un peu de sa finesse et de son poids, mais elle a gagné en longueur et est devenue plus propre à la confection des étoffes légères.
Sans doute, les béliers ont encore des cornes en spirales et développées, mais comme M. Thibault les vend à des prix très-rémunérateurs, il ne pouvait encore songer à se servir de béliers dishley ou dishîey-méririos.
Tous les animaux qui peuplent les bergeries ont beaucoup d'ampleur et ils sont en parlait état. Voici leurs poids bruts moyens :
Bélier…………………… 90 kilog.
Brebis…………………… 65
Gandine………………… 55
Agneaux de 6 mois… 40
Les toisons des animaux adultes ont perdu 1 kilogramme. Celles des béliers pèsent 7 kilogrammes, des brebis 5,500 kg, et des agneaux bruns ou de six mois 1,500 kg. Ces toisons sont vendues à raison de 2 fr. 50 le kilogramme. 100 kilogrammes de laine en suint donnent 33 kilogrammes de laine en blanc. Il y a dix ans, ce rendement ne dépassait pas 28 p. 0/0.
Les brebis sont saillies en juin, afin que les agneaux naissent à la Toussaint, c'est-à-dire avant les grands froids. Alors, ces animaux ont l'année suivante toute la force voulue pour résister à la faible végétation des plantes pendant le mois de juillet.
Les brebis sont très-bien nourries ; elles reçoivent, du 1er novembre jusqu'au i5 janvier, une ration journalière composée comme il suit :
Betterave hachée……………… 500 gr.
Avoine……………………………… 250
Son……………………………………250
Luzerne…………………………;… 1,000
La paille d'avoine ou de blé est donnée à discrétion.
Cette ration est celle que consomment les agneaux depuis le 15 janvier jusqu'au moment où le trèfle incarnat peut être fauché. Alors, tout le troupeau est abondamment nourri avec ce fourrage vert.
Les agneaux mâles, qu'on ne conserve pas comme béliers, sont châtrés de bonne heure et vendus successivement à la boucherie d'Orléans, aussitôt qu'ils ont six mois et quand ils ont été tondus, au prix de 85 centimes le kilogramme. Ils donnent, en moyenne, de 17 à 18 kilogrammes de viande nette, ou 45 p. 0/0 de leur poids vif.
La tonte a lieu à la fin de mai, au prix de 20 centimes par tête.
Les recettes de la bergerie se sont élevées aux chiffres ci-après pendant les années 1865, 1866 et 1867 :
Les recettes faites à l'aide des agneaux livrés à la boucherie s'accroissent chaque année dans une proportion notable.
3° BÊTES PORCINES. — La ferme de Villevêque engraisse annuellement 10 à 12 porcs craonnais pour les besoins du ménage. Ces
animaux consomment le lait de beurre, le petit lait, des pommes de terre, les débris de la cuisine et de l'orge concassée.
NOMBRE TOTAL D'ANIMAUX. — Le bétail entretenu annuellement à Villevêque est nombreux. Il comprend :
Soit, une tête de gros bétail pour 2 hectares.
Ce résultat est très-faible, mais il s'identifie avec la fertilité et la sécheresse du sol pendant l'été. Voici la quantité de foin qu'on a récoltée à Villevêque pendant les années 1865, 1866 et 1867 :
Ces ressources en foin, et les 300,000 kilogrammes de betteraves et de carottes que M. Thibault récolte annuellement, lui permettent de nourrir abondamment les 148 à 150 têtes de gros bétail que la ferme possède chaque année.
Du reste, il ne vend ni foin, ni paille, mais il achète tous les ans pour la vacherie, et surtout pour la bergerie, 30,000 à 40,000 ki- logrammes de son. Enfin, la bergerie consomme chaque.année de 900 à 1,000 hectolitres d'avoine.
En résumé, si le bétail de Villevêque était moins largement nourri, M. Thibault pourrait très-facilement, avec tous les fourrages dont il dispose annuellement, entretenir un plus grand nombre de vaches et de bêtes à laine. Toutefois, désireux de conserver à sa belle exploitation toutes ses ressources propres, et s'inspirant d'une sage prévoyance, le fermier de Villevêque sait profiter des années abondantes en fourrages, avoine et paille; alors il constitue dans ses greniers et ses granges une réserve pour conjurer les disettes. Par ce moyen, il n'a jamais éprouvé d'embarras ni de gêne dans les années calamiteuses.
COMPTABILITÉ. — Il n'existe pas à Villevêque de comptabilité proprement dite, mais on y trouve un registre contenant les dépenses et les recettes annuelles et des livres auxiliaires ou carnets, sur lesquels on inscrit les faits concernant les semailles, les récoltes, les mouvements de la bergerie et les denrées consommées par chaque espèce animale.
Un inventaire est dressé le 1er novembre de chaque année.
RÉSULTATS FINANCIERS. — La ferme de Villevêque est très-prospère et les bénéfices qu'elle donne chaque année sont remarquables.
Voici d'abord les récoltes céréales que M. Thibault a obtenues en 1865, 1866 et 1867 :
M. Thibault possédait en 1851, lorsqu'il a succédé à son père, un capital de 120,000 francs. Les inventaires des années 1865, 1866 et 1867, ont atteint les chiffres ci-après :
Cette situation financière ne comprend pas la valeur des 100 hectares qui appartiennent à M, Thibault.
Il résulte de cet exposé que l'avoir de M. Thibault s'est augmenté, depuis 1851, de 210,553 francs, ou par an, de 12,385 fr. Ce résultat correspond aux recettes effectuées en 1866 et 1867.
L'avoine ne figure pas dans les recettes, parce qu'elle est entièrement consommée par les chevaux et les bêtes à laine.
En résumé, les bénéfices réalisés à Villevêque démontrent que l'agriculture, bien entendue, bien comprise, peut, à l'exemple de tant d'autres professions, conduire à la fortune.
M. Thibault, enfant de la Beauce, appartient bien à la famille des cultivateurs intelligents qui ont rendu célèbre cette partie de la France. Ses succès, qui sont incontestables, lui vaudront des imitateurs, car les fermiers du département du Loiret n'oublieront pas qu'il est fermier comme eux et que sa culture s'identifie en grande partie avec celle qu'ils ont adoptée. »
Il est aussi question de la ferme de Théophile Thibault, à Villevêque, dans :
Eugène Risler, Géologie agricole : première partie du cours d'agriculture comparée, fait à l'institut national agronomique. tome 2, Paris, Berger-Levraut, 1884-1897.
« La véritable Beauce ne commence qu'au sud d'Épernon, Rambouillet, Dourdan et Étampes, quand les argiles à meulières disparaissent pour ne laisser que les calcaires de la Beauce, qui reposent sur le sable de Fontainebleau et plus loin, à partir de Malesherbes, immédiatement sur la craie. Le calcaire inférieur de la Beauce ou calcaire à Limnées, blanchâtre, siliceux et quelquefois bitumineux, est séparé, par un lit de marne jaune ou verdâtre, d'une autre assise calcaire, le calcaire supérieur ou calcaire à hélices de l'Orléanais. Ce dernier est en bancs gris ou noirâtres et contient certains endroits, par exemple à Pithiviers, d'énormes quantités de fossiles. Il a environ 20 mètres de puissance. Tout cet ensemble est très perméable, et, de là, le caractère distinctif de la Beauce : la sécheresse.
“ Débarrassée de tout dépôt superposé, sauf une mince couche de limon, dit M. de Lapparent dans la Description géologique du bassin parisien, la Beauce est trop sèche, trop voisine de la Loire et trop progressivement inclinée vers ce fleuve pour que des cours d'eau aient pu s'y établir et y creuser des vallées. Aussi n'offre-t-elle à l'œil qu'une surface unie, s'étendant de tous côtés, sans changement perceptible de niveau. Les champs, uniformément couverts de céréales et de fourrages artificiels, ne sont divisés ni par des haies, ni par des fossés. On remarque la rareté des arbres ainsi que l'absence presque complète d'habitations isolées. Cette concentration des maisons est la conséquence de la perméabilité du sol qui empêche l'établissement des mares et oblige à chercher, par des puits profonds et bien outillés, l'eau nécessaire aux hommes et aux animaux. ”
On a proposé plusieurs reprises de faire un canal de dérivation de la Loire ou des étangs du Gâtinais pour en distribuer l'eau dans les communes rurales de la Beauce.
Les calcaires de la Beauce font des terres sèches et brûlantes, mais ils sont recouverts, dans la plus grande partie des plateaux, par des dépôts de limon dont l'épaisseur varie beaucoup et dépasse, sur certains points, un mètre. Ce limon modifie heureusement les propriétés physiques de la couche arable.
D'après M. Masure, les meilleures terres de la commune de Louville, canton de Voves (Eure-et-Loir), contiennent :
30 à 32 p. 100 d'argile,
53 p. 100 de sable,
5.7 à 7 p. 100 de terreau,
5.8 à 7,8 p. 100 d'oxyde de fer,
et 2,2 à 2,5 p. 100 de ce que M. Masure appelle calcaire pulvérulent ; c'est tout ce qui est soluble dans l'eau acidulée avec de l'acide chlorhydrique ou de l'acide nitrique.
D'autres terres de la même commune, un peu trop compactes, renferment :
43 à 46 p.100 d'argile,
40 à 42 p. 100 de sable,
8,5 à 9,3 p. 100 de terreau,
et 1,2 p. 100 de calcaire pulvérulent.
M. Masure observe que la proportion de carbonate de chaux est faible dans la couche arable, bien que le sous-sol, à 20 ou 30 centimètres du profondeur, se compose presque exclusivement de calcaire de la Beauce, appelé châcre dans le pays. Aussi les marnages y font-ils du bien, surtout pour les prairies artificielles.
La faible proportion de calcaire que renferme la couche arable s'explique par le fait que, dans les meilleures terres de la commune de Louville, comme dans celles de toute la Beauce, cette couche arable se compose de limon qui n'en contient jamais beaucoup. Mais il est aussi vrai que, même dans les terres primitivement assez riches en carbonate de chaux, ce carbonate de chaux, dissous à la faveur des matières organiques de la couche végétale et de l'acide carbonique qu'elles produisent en se décomposant, tend toujours à être entraîné par les pluies dans le sous-sol.
Des terres de calcaire de la Beauce avec plus ou moins de limon des communes de Toury (Eure-et-Loir) el de Chilleurs-aux-Bois (Loiret) contenaient p. 1,000 d'après les analyses de M. Joulie
Dans quelques endroits, on a trouvé une assez grande quantité de salpêtre en poches qui atteignent 1 à 2 mètres de profondeur. On suppose que ces poches correspondaient à des fosses dans lesquelles on avait enfoui jadis des cadavres d'animaux, sans doute des moutons morts du sang de rate, la maladie la plus commune dans les troupeaux de la Beauce ; et dans ce cas, les fourrages venus sur ces places devaient contribuer à répandre la contagion, comme l'a observé M. Pasteur.
On suit généralement en Beauce l'assolement triennal, tantôt avec jachère nue, mais le plus souvent avec jachère bien fumée et employée en betteraves, pommes de terre, trèfle ordinaire ou trèfle incarnat, vesces, etc. Puis vient le blé d'hiver et, dans la troisième sole, l'avoine ou l'orge.
Un cinquième des terres est toujours en luzerne que l'on sème dans l'avoine ou l'orge après quelques rotations triennales. La plupart des baux obligent le fermier sortant à laisser un certain nombre d'hectares en luzerne de 3 ans, autant en luzerne de 2 ans, et à permettre au fermier entrant d'en semer de la nouvelle dans les céréales de printemps. C'est, avec l'esparcette, qui se cultive beaucoup dans l'arrondissement de Pithiviers, la ressource principale pour nourrir les animaux des fermes beauceronnes. Faire des prairies dans ces terres sèches serait impossible. Les foins d'esparcette qui viennent des calcaires purs sont considérés comme très échauffants ; il est bon d'améliorer le régime du bétail en y joignant des racines.
Avec celle intercalation régulière de luzerne ou d'esparcette, on peut considérer cette série de rotations triennales comme une rotation de 18 ans. C'est ce que faisait, par exemple, M. Thibault, lauréat de la prime d'honneur du département du Loiret en 1868, pour sa ferme de Villevêque, située dans la commune de Villamblain, à 33 kilomètres d'Orléans, près de la limite nord-ouest du département. Celte ferme représente assez bien le type des cultures de la Beauce. Elle est tenue par sa famille depuis 1818. Sur 325 hectares, 100 hectares appartiennent à M. Thibault, et 225 sont affermés au prix de 45 fr. l'hectare par baux de 9 ans.
Les meilleures pièces ont près d'un mètre de limon argileux sur un sous-sol de tuf ou de calcaire à hélices ; les moins bonnes n'ont que 20 à 30 centimètres de ce limon et souffrent souvent de la sécheresse.
L'assolement suivi dans ces terres consiste en : 1° pommes de terre, vesces d'hiver ou trèfle incarnat, avec fumier ou parc ; 2° blé ou betteraves ; 3° avoine ; 4° vesces d'hiver, lupuline ou trèfle incarnat, avec fumier ou parc ; 5° blé rendant 20 à 22 hectolitres à l'hectare, ou escourgeon sur les moins bonnes terres ; 6° orge de printemps ; 7° à 10° luzerne qui donne 4,800 kilogr. par hectare à la première coupe et 2,000 kilogr. à la deuxième ; 11° avoine ou blé ; 12° avoine ; 13° jachère nue avec fumier ou parcage ; 14° blé, seigle ou escourgeon avoine ou orge ; 15° avoine ou orge ; 16° vesces d'hiver ou trèfle incarnat, avec fumier ou parcage ; 17° blé, seigle ou escourgeon ; 18° avoine ou orge.
Ou fume chaque année 18 hectares à raison de 30,000 kilogr. à l'hectare et l'on parque 54 hectares. Il y a 20 ans, M. Thibault n'avait confiance que dans le fumier, le parcage de ses moutons et le terraudage des champs les plus pauvres. Il employait le plâtre sur ses luzernes. En 1867, l'utilité des phosphates n'était pas encore admise par les fermiers de la Beauce ; à leurs yeux, c'était de la théorie. Cependant la plupart de leurs terres ne contiennent pas assez d'acide phosphorique ; nous l'avons vu par les analyses citées plus haut. Comment aurait-il pu en être autrement avec les exportations de blé et de moutons auxquelles fournissaient depuis des siècles des terres qui probablement n'avaient pas même été, à l'origine, riches en acide phosphorique ? Comment les fumiers fabriqués avec les pailles ct les fourrages produits par ces terres auraient-ils pu contenir plus d'acide phosphorique qu'elles-mêmes ? II faut donc, bon gré malgré, se résoudre à acheter des phosphates et, depuis quelques années, les fermiers beaucerons commencent à bien comprendre cette nécessité.
M.Thibault achetait chaque année 2,000 à 2,500 quintaux de son ou d'avoine pour ajouter aux 30,000 kilogr. de betteraves et aux 400,000 à 450,000 kilogr. de foin avec lesquels il hivernait ses animaux.
Les bêtes à cornes consistaient en 14 vaches de race normande, 1 taureau et 10 élèves. Avec le lait de ces vaches, il faisait du beurre et du fromage maigre pour la consommation de la ferme. Il élevait quelques veaux de choix ct engraissait les autres. Mais la fabrication du beurre était, une exception à Villevêque. On avait pu l'y entreprendre, parce qu'on avait un puits de 20 mètres de profondeur avec pompe mue par un manège qui fournissait l'eau indispensable pour cette fabrication. Dans la plupart des fermes de la Beauce qui n'ont pas le privilège d'avoir un de ces puits, on se contente de tenir les vaches nécessaires pour fournir le lait au ménage.
L'animal par excellence des plaines de la Beauce, c'est le mouton ; pour qu'il se porte bien, il lui faut une terre sèche, et cette condition y est bien remplie, quelquefois même trop bien. Autrefois, il était posé en principe qu'un fermier devait retirer de son troupeau, en laine et croît, un produit égal au moins à son fermage. Celui de M. Thibault se composait de près de mille têtes : 30 béliers de race mérinos, 400 brebis, 150 anthenaises et 350 agneaux. Les brebis donnaient 5 1/2 kilogr., et les agneaux 1 1/2 kilogr. d'une laine d'excellente qualité.
Vingt chevaux de travail et une douzaine de porcs pour consommer les déchets du ménage et de la laiterie complétaient la population animale de la ferme de Villevêque.
La plupart des cultivateurs beaucerons savent entretenir leur écurie sans frais, et même souvent ils en tirent des bénéfices. Ils achètent, dans le Perche, des poulains de 6 ou 8 mois qu'ils commencent à atteler à 1 an et demi par demi-journées et à 2 ans par journées entières. Les terres légères du calcaire et du limon conviennent très bien pour celle gymnastique fonctionnelle. Les jeunes chevaux se développent et, à l'âge de 5 ou 6 ans, quand ils sont devenus propres au service des omnibus ou du camionnage, ils sont revendus au double du prix d'achat et même beaucoup plus, s'ils sont jugés capables de faire de beaux étalons. »
A consulter
• Hydrochimie de la nappe de Beauce
prélèvements effectués à Villamblain
Bulletin de la Société géologique de France. v.172, n*. 1-3.
https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uc1.31822009327255&view=1up&seq=386&skin=2021&q1=Villamblain
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