« Le département du Loiret a été formé en 1790, d'une petite portion du Berry et de l'Ile-de-France et des pays suivants appartenant à l'Orléanais : l'Orléanais propre, le Gâtinais et le Dunois. Il est coupé à la hauteur de Montargis par le 48° degré de latitude nord et est également coupé par le méridien de Paris qui passe un peu à l'est de Pithiviers. Il est exactement compris entre 47° 29' et 48° 22' de latitude nord et entre 0°49' de longitude ouest et 0°46' de longitude est. Il est borné : au nord, par le département de Seine-et-Oise ; au nord-est, par celui de Seine-et-Marne ; à l'est, par celui de l'Yonne ; au sud, par la Nièvre et le Cher ; au sud-ouest, par le Loir-et-Cher et au nord-ouest, par le département d'Eure-et-Loir. Sa superficie est de 677 119 hectares. Sa plus grande longueur, du nord-ouest au sud-est, entre Villamblain et Faverelles, est de 120 kilomètres ; sa plus grande largeur, du nord au sud, est de 80 kilomètres, sous le méridien de Pithiviers et celui de Malesherbes, tandis qu'elle atteint à peine 40 kilomètres sous le méridien de Beaugency. Enfin son pourtour dépasse 400 kilomètres.

Le département est divisé en 4 arrondissements comprenant 31 cantons et 349 communes. L'arrondissement de Pithiviers occupe le nord du département ; ceux de Montargis et d'Orléans se trouvent immédiatement au-dessous, le premier à l'est, le second à l'ouest ; celui de Gien occupe le sud-est du département.

La vallée de la Loire divise le département en deux parties ; celle du nord est deux fois plus vaste que celle du sud. Au nord s'étendent la Beauce et le Gâtinais ; au sud se trouve la Sologne. »

Jean-Augustin Barral, Dictionnaire d'agriculture : encyclopédie agricole complète. tome 4, continué sous la direction de Henry Sagnier,

Paris, Hachette et Cie, 1886-1892.

Chromos, coll. A.P.-R.

« La haute Beausse est cette grande plaine fourmentière,

l'un des greniers à bled de Paris et plus féconde que ne fut jamais la Béotie,

du nom de laquelle quelques-uns tirent l'excellence de son origine. »

Andre du Chesne, Antiquités et Recherches des villes de France, 1668.

« De Pré-Nouvelon à Villamblain 2 340 toises par écrit. Le clocher de Villamblain est marqué déclinant un peu vers Ouest du Nord de Pré-Nouvelon. La différence de Tournoisi à Villamblain, tant par l'ouverture de l'angle entre ces deux clochers à l'égard de Pré-Nouvelon, que par les espaces des Cartons particuliers de Tournoisi & de Villamblain, doit être de 2 500 & environ 80 toises.

Distance de Villamblain à Ozoir-le-Breüil, par la Combinaison des Cartons de Pré-Nouvelon, Villamblain, & Ozoir même, 2 430 & quelques toises. La distance de Pré-Nouvelon à Ozoir, par la rencontre des allignements pris à Pré-Nouvelon & à Villamblain, se conclut de 3 200 & quelques toises. »

D'Anville dénote une erreur des mesures antérieures, dont il connaît précisément l'emplacement, entre Châteaudun et le clocher de Villamblain.

Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville, « géographe ordinaire du Roi »,

Proposition d'une mesure de la terre, dont il résulte une diminution considérable dans sa circonférence sur les Paralleles,

Chez Chaubert, Paris, 1735

En 1870, dans ses Recherches Historiques sur l'Orléanais, l'abbé Patron donnait la notice suivante :

« Ce village est situé sur les confins du département, à 11 k. de Patay et 30 d'Orléans. Son territoire, composé de 2,570 hectares de terrain tertiaire moyen, produit des céréales.

Le nom de pierre percée que porte une ferme, rappelle un dolmen. La pierre aux Lutius à Villevêque était un bloc de pierre si grand et si solide qu'il fallut la mine pour le briser, en 1819. L'antique chaussée du chemin Frichu de Patay à la Ferté-Villeneuil, remonte au moins à l'époque gallo-romaine. On y trouve des monnaies d'Antonin, de Marc-Aurèle et du Moyen-Age.

Du château de Villevêque, il ne reste que la ferme.

La croix Maillard rappelle que M. Poitevin, curé, fut assassiné en 1721, par un de ses paroissiens. »

Et le religieux de fournir les précisions suivantes :

« Au XVIIIe siècle, ce village était du diocèse de Blois, de l'élection de Châteaudun et de l'intendance d'Orléans. Cette paroisse comptait alors 490 habitants.

En 1869, on compte 660 habitants dans le bourg et dans les hameaux suivants : 262 à Villevêque, à 2 k. ; 129 à Liconcy, à 3 k. Le reste à la Pierre percée, aux Hôtels et dans 4 autres fermes. La poste est à Patay.

L'église fut bâtie au XIIe siècle, sous le vocable de saint Germain d'Auxerre, et restaurée à diverses époques. Elle a 30 m. de longueur sur 10 de largeur, et peut contenir 500 personnes. Le cimetière, le presbytère, les écoles sont auprès de l'église. Le presbytère appartient à la commune; L'école des garçons est dirigée par un instituteur ; l'école des filles par une institutrice.

L'ancien pèlerinage de saint Germain est très fréquenté. »


Du Néolithique au Moyen-Age…

 

Le site de Villamblain a été habité dès le néolithique et le Chalcolithique, comme en témoignent des haches taillées et polies, ainsi qu'une belle hache naviforme perforée, toutes conservées au Musée de Châteadun. Ce musée possède aussi une grande jatte avec marque de potier sur le bord, trouvée à Liconcy, et d'autres objets provenant du territoire de Villamblain, tels que haches, faux, serpette, cloche en fer, cuillère de bronze, agrafes à double pointe, os travaillés, fragment de poterie, fibules en bronze (certaines mises au jour à Villevêque), etc. La plupart de ces objets remontent à une période comprise entre le Ier et le IVe siècles. Il semble que nombre de villas gallo-romaines aient été détruites lors des invasions franques de la seconde moitié du IIIe siècle ou au cours des invasions du Ve siècle.

C'est le peuple gaulois des Carnutes, établi sur la Loire moyenne, qui fournit les premiers linéaments d'une vie régionale. S'installa dès cette époque un dualisme urbain entre Autricum, la future Chartres, sur l'Eure, aux limites occidentales du pays des Carnutes, regardant vers la Beauce, et Genabum, la future Orléans, ville de Loire, point stratégique du trafic routier et fluvial. Cette dualité se retrouva sous l'administration romaine : un territoire correspondant à la Civitas Carnutum, avec Chartres comme chef-lieu, et un territoire correspondant à la Civitas Aurelianorum, avec Genabum comme chef-lieu. Au premiers siècles chrétiens, la région était partagée par deux cités et deux diocèses - l'un à Chartres, l'autre à Orléans. 

Pour assurer la mise en valeur des terres qui constituèrent leur domaine primitif accru par des donations, les abbayes tendirent à fixer autour d'elles et sur leurs biens fonciers les populations rurales que les invasions et les partages condamnaient à l'instabilité. Le rassemblement des exploitants du sol autour des domaines laïques et ecclésiastiques, déjà amorcé au temps des villæ gallo-romaines, se poursuivit à l'époque franque, comme l'attestent les noms des lieux terminés en « ville », nombreux en Beauce.

La vie religieuse connut, à l'époque féodale, un regain de ferveur et d'activité ; elle bénéficia souvent de la sollicitude de la noblesse, soucieuse de manifester son zèle par des donations et par des fondations monastiques ; en échange, abbatiales et collégiales, moines et chanoines assuraient le service religieux autour des sépultures seigneuriales. Ce qui explique que le nom de Villamblain se trouve essentiellement associé, dans les textes anciens, aux établissements religieux de la région.

Par ailleurs, le rôle des comtes fut important, dans la mesure où ils cherchèrent à créer une administration civile plus directement soumise au souverain. Il en résulta un autre dualisme. Ainsi, dès le début du IXe siècle, un comte siégeait à Orléans, tandis qu'un autre comte administrait Chartres et tenait en même temps Châteaudun et Blois. Mais l'institution était instable, et une certaine incertitude régnait dans les pouvoirs, un flou d'autant plus grave que les dangers extérieurs étaient alors multiples.

De la villa au village…

 

La dénomination du village dériverait de l'ancienne « villa d'Emblin », ainsi que l'indiquent Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak  (Origines des Noms de villes et de villages du Loiret, Ed. Jean-Michel Bordessoules, Saint-Jean-d'Angély, 2003). Lesquels chercheurs se réfèrent à la mention d'Embloni Villa dans un document de la fin du Ier millénaire et à celle de Villa Amblein dans un texte de 1220. On peut compléter ces sources par la dénomination Embleni Villa, qui figure, pour l'an 990, dans le Cartulaire de Sainte Croix d'Orléans, lorsque Hugues Capet confirme ses possessions à l'église de Sainte-Croix —  parmi celles-ci, des arpents à Embleni Villa, arpents qui faisaient partie d'un ensemble, libéralité faite par Charlemagne à un certain Théodrade, qui fit ensuite don de cette propriété à l'église d'Orléans.

Si Emblin était sans doute un personnage d'origine germanique, l'élément villa, que l'on retrouve dans de nombreux toponymes, est un mot latin. Il désigna une maison de campagne, avant de s'appliquer à un vaste domaine rural.

« Ce que les Romains  appelaient villa constituait en fait un ensemble de bâtiments se dressant au centre du fundus, immense exploitation agricole couvrant parfois une centaine d'hectares, utilisés pour la culture (céréales, fruits) et l'élevage.

Les villas étaient toujours […] isolées. Elles étaient généralement installées près d'une route et d'un point d'eau, à flanc de coteau, pour permettre au maître de surveiller le domaine.

La villa était divisée en deux groupes de constructions, la pars urbana (habitation) avec la maison du maître, et la pars rustica ou agraria, où se dressaient les bâtiments agricoles (forges, remises,…).

Les ouvriers logeaient dans des habitations séparées dont la réunion donnera naissance à un village ; celui-ci prendra souvent le nom du domaine. » (Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak)

Le village n'a, semble-t-il, pas existé sur notre territoire avant le haut Moyen Age. « C'est un mode d'établissement préhistorique et germanique, que le développement des paroisses chrétiennes a favorisé en Occident. », explique Paul-Marie Duval (La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Ie - IIIe s. après J.-C., Hachette, 1952). Et de préciser :

« Certes, les groupements d'habitations n'étaient pas absents des campagnes, mais ces hameaux avaient pour raison d'être un lieu de rendez-vous — station routière, pèlerinage local, station thermale ou installation industrielle — et non le mode d'exploitation du sol. C'est sur le domaine terrien qu'autour de la demeure du propriétaire les diverses formes de production nécessaires à la vie de tous les jours se trouvaient réunies. Il y avait les villas, résidences des grands propriétaires, dont chacune était un petit monde, et les habitations éparses sur le domaine.»

La villa romaine, en tant que domaine rural, se prolongea donc chez les Gallo-Romains et sous les Mérovingiens. Elle survécut aux grandes invasions, qui, pourtant, provoquèrent l'abandon de grands domaines — nombre d'entre eux furent réoccupés par les Francs, et le retour à la stabilité politique entraîna leur renaissance.

Le mot villa devait ensuite entrer dans le nom donné au village établi à proximité d'un domaine. Si la majorité des mots formés autour de Villa sont vraisemblablement de création franque, on peut constater, comme il a été dit plus haut, que beaucoup de lieux ainsi baptisés étaient déjà occupés avant l'installation des Francs. Il convient aussi de noter que, à partir du XIe siècle, les dénominations font suivre le mot villa du nom de l'ancien propriétaire — c'est le cas de Villamblain —, alors que, précédemment, le nom du propriétaire venait en premier (Allainville, par exemple).

D'autres interprétations…

 

Selon Jacques Soyer (Les noms de lieux du Loiret, Horvath, 1933), le nom primitif aurait été Villa Amboleni, formé à l'instar d'Amblainvilliers (Seine-et-Marne). Et l'anthroponyme germanique Ambolenus serait le diminutif du nom d'origine franque Ambo.

D'après le professeur Ernest Nègre (Toponymie Générale de la France, volume 2, Librairie Droz, Genève, 1991), l'origine du nom vient du bas latin villa et du germain Amelinus. L'évolution se fit ainsi : Emblenivilla (990), Villa Amblein / Vilenblain (1220), Villamblain (vers 1272).

Quant au Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais (t. 23, 1936-1939, p. 88), il apporte des précisions à cette étymologie : « Embleni villa, 990 (Cartulaire de Sainte-Croix d'Orléans) ; Villa Amblein, Villa Amblain, Vilenblain, 1220, 1245, 1246 (Cartulaire de Notre-Dame de Voisins) ; Villamblain, vers 1272 (Pouillés de la province de Sens) ; Villa in blado, 1351 (ibid). Cette dernière forme inventée sans doute par un scribe facétieux. »

Variations sur un nom

Tout au long du Moyen Age, la formulation et l'orthographe du nom de Villamblain sont extrêmement fluctuantes, comme l'attestent les documents qui nous sont parvenus. En voici quelques-unes pour mémoire :

• Cartulaire de Notre-Dame de Josaphat : vers 1143, Villaenblen (dans le manuscrit 10102 : Villaembleil) ; 1154, Vilenblen ; 1195, Villemblein (Vilemblen) ; 1215, ecclesiam de Villaemblen.

Archives de la Maison-Dieu de Chateaudun (charte LXXV) : 1202, terram de Villenblini ; 1224, Villa-in-blado. On trouve ensuite les orthographes Vilemblain, VilamblainVilla in blado ») souvent mentionnées dans ces archives.

Cartulaire de Notre-dame de Voisins : 1220, Villaamblein.

Charte de Saint-Avit-les-Chateaudun : 1224, Villa-Amblenii ; 1226, Villemblainh.

La abadía de Notre-Dame de Josaphat, Louis Boudan, 1696, BnF.


Le cartulaire (du latin charta, « papier ») est un registre manuscrit, composé généralement de cahiers de parchemin, où sont transcrits les privilèges et les titres d'une personne ou d'une communauté (établissement religieux ou seigneurial, corporation, université, etc.), pour en faciliter la consultation et en ménager les originaux.  Les premiers cartulaires remontent au IXe siècle. Ils sont d'une fiabilité incertaine, dans la mesure où il arrive que des actes originaux et pseudo-originaux soient mêlés et que les copistes soient plus ou moins soigneux. C'est la raison pour laquelle, à partir du XIIIe siècle, on fit parfois attester la fidélité de la copie par rapport à l'original par des notaires publics ; cela permettait d'obtenir des cartulaires « authentiques ».


Nicolas de Fer (1646-172), Le Berri et Le Nivernois, La Beauce et La Sologne…, 1713

Cadastre napoléonien.


Le mystère des souterrains…

 

Le bourg de Villamblain a été construit sur un vaste réseau de souterrains dont on ignore l’origine. On pense qu’ils étaient utiles à l’époque des guerres féodales comme organes de liaison entre les différents manoirs des alentours. « En 1789, à l'occasion d'une inhumation seigneuriale dans la chapelle de la Sainte-Vierge de l'église de Villamblain, le curé de Saint-Cloud constatait la découverte d'un souterrain très étendu et fait de main d'homme, sous cette église. Il y voyait, avec raison, un refuge ménagé aux  habitants, dans les guerres civiles », lit-on dans le Bulletin de la Société dunoise : archéologie, histoire, sciences et arts, du 1er janvier 1905.

Un article de l'abbé Nollent publié en janvier 1960 dans le Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais et consacré aux Souterrains et Souterrains-Refuges en Beauce mentionne Villamblain parmi les lieux où des souterrains furent mis au jour à l'occasion de travaux de terrassement. En Beauce, explique l'auteur, ce ne sont pas des crarrières, comme certains l'ont prétendu ;

Et de préciser :

Des souterrains-refuges bien conçus…

Le bétail empruntait la rampe d'accès… Des mangeoires lui étaient destinées, creusées dans les parois;…

teur.

Par qui et quand furent-ils creusés ? L'explication des « souterrains seigneuriaux » est simpliste…


Coll. A.P.-R.

L'évolution de la population

 

Autrefois, Villamblain dépendait  du canton d'Epieds-en-Beauce, avec Charsonville, Tournoisis, Nid, Saint-Sigismond et Gémigny. Epieds relevait du comté de Beaugency, mais comprenait plusieurs fiefs mouvant de l'Orléanais, du Blaisois et du Dunois.

660 hab. selon le Dictionnaire géographique, administratif, postal, statistique, archéologique, etc., de la France, de l'Algérie et des colonies, d'Adolphe Joanne, 1869.

• 611 hab. selon La Situation financière des communes en ... / présentée par M..., Directeur de l'administration départementale et communale à M..., Ministre de l'intérieur, 1885.

• 670 hab. selon l'Annuaire de l'épicerie française et de l'alimentation, de Paul Garnaud, 1891.

• 523 hab. selon l'Annuaire général de l'épicerie française et des industries annexes, Journal l'Épicier (Paris), 1932.

Années 1950

Vue satellite de Villamblain en 2024

 

https://www.commune-mairie.fr/photo-satellite/villamblain-45337/

 

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Commentaires

Tanty-Rouault Marie- Luce
il y a un an

Merci Annie pour ces documents qui retracent et expliquent comment est né notre village de Villamblain

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